Si la Drevenne a décidé de s'évader du Vercors en éventrant la falaise, la route lui emboîte le pas, profitant de la gorges ébréchée. Flottant dans l'air au-dessus des paysages, elle regarde la plaine de l'Isère, à perte de vue...
Muraille de géant où le trait de la route oscille comme le fil du funambule.
Parler ici de vide est un pléonasme. Outre la magie des lieux, l'architecture de la route fait exception : ici, la pente a pu se calquer sur l'inclinaison des couches calcaires. Les constructeurs ont sculté naturellement les lignes existantes. Le toit de la route apparaît comme une dalle lisse avec un angle droit du plus bel effet géométrique. Resté à l'état brut, le tunnel creusé dans le même joint offre des dalles similaires au plafond.
Là encore, l'exploitation forestière des Coulmes et des Ecouges fut le moteur de construction de cette route. Elle améliore l'accès fréquenté depuis les hommes du mésolithique, puis les moines chartreux des Ecouges et les charbonniers italiens, qui cheminaient par des pas athlétiques. Le projet de creusement de cette route sera à l'odre du jour pendant tout le XIXé siecle, en raison des besoins en approvisionnement en bois pour la fonderie de canons de St Gervais. Mais ce sont finalement les habitants de Rencurel et de St Gervais qui réunirent les moyens, pour favoriser les échanges avec les marchés de la plaine. En 1883 elle fut achevée, là encore par J Serratrice, entrepreneur de Rencurel.